Faire le choix du café de spécialité pour soutenir une caféiculture plus durable et plus humaine

Faire le choix du café de spécialité pour soutenir une caféiculture plus durable et plus humaine

La production de café ne doit pas, et ne pourra pas, continuer sur le chemin de la quantité à tout prix. Il faut donc accompagner les caféicultrices et les caféiculteurs sur la voie de la  transition écologique, où la terre est respectée et le travail rémunéré à sa juste valeur. Un travail sur la durée pour forger un avenir durable à la filière du café de spécialité. Comment ? Découvrez-le à travers l'exemple de deux acteurs engagés : la Maison Anne Caron et l’entreprise Belco.

La traçabilité est une chose. Mais défendre des modèles agricoles plus soutenables et une juste rémunération des producteurs en est une autre. La Maison Anne Caron, en tant que torréfacteur engagé, se positionne aussi comme garant de cette stabilité, dans un système qui reste largement soumis aux aléas climatiques, géopolitiques et économiques.

« Le temps agricole, c'est du temps long. Quand on veut accompagner un producteur dans sa transition agroécologique, on sait qu’il y a des temps de nature qui sont incompressibles. La prise en compte de ces temporalités est au cœur de nos relations avec les producteurs », explique Matthieu Chaumont, responsable produit & impact de la Maison Anne Caron.

C’est dans cette temporalité spécifique que s’ancre la logique de projet portée par la Maison Anne Caron comme par Belco. Accompagner les producteurs ne se limite pas à la qualité du produit : cela signifie également soutenir des initiatives expérimentales, tester ensemble de nouvelles pratiques, identifier les leviers de résilience face aux bouleversements climatiques.

Ces projets se vivent au plus près du terrain, à l’image des expérimentations menées avec certains producteurs partenaires de Belco, mais aussi en France, où la Maison Anne Caron s’engage avec l’association Agrofile pour produire des données scientifiques sur la transition agroécologique dans la filière café. C’est un travail de fond, qui ne peut porter ses fruits qu’avec du temps, de l’écoute et une vision partagée.

Cet engagement sur le long terme est aussi un levier de stabilité économique. 

« Aujourd’hui, typiquement sur le Brésil, on s’engage sur des volumes avec des petits producteurs pour qu’ils puissent se sécuriser dans leur phase de transition », poursuit Matthieu.

Face à la volatilité des prix du marché, c’est aussi la durabilité des partenariats qui permet de construire des filières plus robustes. « La plupart des coopératives avec lesquelles on travaille sur notre Blend signature sont nos partenaires depuis au moins trois ans. On suit régulièrement leurs productions, on observe les améliorations, et on mobilise des outils d’évaluation ou des accompagnements financiers quand c’est nécessaire pour atteindre ensemble nos objectifs de robustesse », détaille-t-il.

Dans ce contexte, la notion de juste prix prend tout son sens. Payer un café au-delà des prix du marché n’est pas un geste militant, c’est un levier pour permettre aux producteurs d’investir dans la durée, de sécuriser leurs récoltes, de prendre le risque d’innover. C’est aussi, pour la Maison Anne Caron, un engagement assumé : même dans un contexte économique tendu, l’entreprise continue de soutenir les cafés produits selon des modèles agroforestiers ou en transition vers l’agroécologie, en assurant leur valorisation jusqu’au consommateur final.

Car c’est bien là que se joue l’équilibre : dans cette capacité à relier les enjeux agricoles de terrain aux choix économiques et commerciaux en bout de chaîne. À faire du temps long non pas une contrainte, mais un horizon de transformation partagée.

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Partie I : Faire confiance aux torréfacteurs français pour sourcer le bon café de spécialité

Face à la volatilité des prix du marché, c’est aussi la durabilité des partenariats qui permet de construire des filières plus robustes. Photos : Pauline Tezier

Le café comme récit : transmettre les histoires du terrain

Garant de la traçabilité, des pratiques agricoles durables mais aussi passeur d’histoires, le torréfacteur incarne une fonction charnière au sein de la filière. Il est ce tiers de confiance, à la fois technicien du goût et porte-voix des réalités agricoles.

Transmettre c’est aussi la responsabilité que s’est donnée Anne Caron. Transmettre la qualité d’un produit, bien sûr, en valorisant toute la chaîne de valeur et en le sublimant par un travail minutieux de torréfaction. Mais transmettre aussi des récits, des visages, des engagements : ceux des femmes et des hommes qui cultivent le café. « On est quand même responsable du fruit du travail de ces agriculteurs », rappelle Matthieu Chaumont. Cette responsabilité se manifeste aussi dans les voyages en origine réalisés par Anne Caron et les équipes. Voir, écouter, comprendre. Et puis témoigner, à leur retour, de ce qu’ils ont vu.

« On ne peut plus envisager une prise de parole d’Anne sans que les sujets agricoles ne soient mentionnés », affirme Matthieu. 

Face aux enjeux climatiques et sociaux qui secouent la caféiculture, sensibiliser devient un devoir. Un levier de mobilisation, mais aussi une clé de lecture pour le consommateur, de plus en plus en quête de sens.

Il s’agit d’expliquer pourquoi certains cafés coûtent plus cher, pourquoi investir dans le transport à la voile, pourquoi continuer à acheter au-dessus des prix du marché : autant de messages qui trouvent leur légitimité dans une parole incarnée, ancrée dans la réalité du terrain.

Cette notion de transmission, Belco la partage pleinement. L’entreprise a structuré une offre de formation complète à destination des torréfacteurs, qui va bien au- delà de la technique : compréhension du produit, connaissance fine du terrain, enjeux de la transition. Elle anime un centre de formation certifié, organise des webinaires avec les équipes sur place, et accompagne la montée en compétence de tous les profils, du novice au torréfacteur chevronné.

La transmission se joue aussi dans l’échange. La relation entre Belco et les torréfacteurs repose sur une logique de co-construction, dans une dynamique toujours plus horizontale. « Aujourd’hui, on travaille en amont des récoltes, en planifiant avec le torréfacteur pour qu’il ait dès le début de la saison une série de propositions adaptées à ses besoins », explique Jean Etchats, responsable du sourcing chez Belco. Loin d’un simple rôle de fournisseur, Belco se positionne comme un partenaire stratégique du sourcing, au service d’un café choisi, compris et valorisé.

 

Le café comme récit : transmettre les histoires du terrain
L'Anemos, un voilier cargo qui transporte le café à la voile. Le Brésil - Serra Dos Cijanos transporté à la voile. Photos : @Ronan Gladu pour Towt/ La Maison Anne Caron

Demain, une filière plus résiliente et plus solidaire

Les défis auxquels la filière café est confrontée ne sont pas de l’ordre de l’hypothèse. Ils sont déjà à l’œuvre. Réchauffement climatique, instabilité géopolitique, tensions économiques... Le café est l’un des produits agricoles les plus vulnérables à ces bouleversements. À l’horizon 2050, de nombreuses études scientifiques alertent sur les impacts du réchauffement climatique, notamment la diminution des zones actuellement propices à la culture du café arabica.

Face à tant d’incertitudes, chaque acteur de la filière café a la responsabilité de construire des solutions durables et robustes. Car la résilience ne se décrète pas : elle se bâtit pas à pas, dans une logique de coopération.

Mais pour pouvoir porter des projets ambitieux et accompagner les producteurs dans leur transition, il faut d’abord préserver les équilibres économiques. « On doit être capable de préserver nos marges, de préserver notre rentabilité économique», rappelle Matthieu Chaumont. La rentabilité n’est pas une fin en soi, mais une condition indispensable pour continuer à investir dans des pratiques durables et solidaires.

Au-delà de l’équation économique, la Maison Anne Caron affirme aussi une vision engagée. Le groupe envisage de basculer vers un statut d’entreprise à mission afin d’inscrire encore plus fermement l’impact environnemental et social au cœur de son modèle.

De son côté, Belco avance avec des objectifs concrets. À l’horizon 2030, l’entreprise souhaite que 100 % des cafés qu’elle commercialise soient issus de producteurs en transition agroécologique. Le transport maritime à la voile, qui représente déjà 50 % de ses flux, devrait continuer à se développer. Et les liens humains, véritable colonne vertébrale de son modèle, continueront d’être renforcés. « C’est une volonté forte pour les prochaines années : conduire des projets avec les torréfacteurs, renforcer les relations entre clients et producteurs, construire ensemble », souligne Jean Etchats.

Cette vision partagée, portée par la Maison Anne Caron et Belco, illustre ce vers quoi tend la filière café de spécialité : un modèle plus solidaire, transparent, durable.

Dans une filière historiquement marquée par des rapports déséquilibrés et aujourd’hui sous pression face aux enjeux climatiques, économiques et sociaux, le torréfacteur occupe une place singulière. À la fois garant de la qualité, passeur d’histoires et ambassadeur des réalités agricoles, il joue un rôle central : celui de tiers de confiance.

Ce rôle, la Maison Anne Caron l’incarne avec exigence et engagement. En s’appuyant sur des partenariats solides avec des importateurs comme Belco, en travaillant main dans la main avec les producteurs, et en transmettant au consommateur la valeur réelle d’un café, elle participe à une dynamique vertueuse. Une dynamique qui remet l’humain, la transparence et la durabilité au cœur du système.

Car un café de spécialité ne se résume pas à un score en tasse. Il est le fruit d’un lien tissé entre tous les maillons de la chaîne, sur le temps long. Et dans ce lien, le torréfacteur est plus que jamais ce trait d’union essentiel : celui qui relie l’origine et la tasse, les producteurs et les consommateurs, les engagements et les preuves.

NDLR : Mathilde Bouterre est rédactrice pourLa Maison Anne Caron et au sein du collectif Gourmand et Engagé. Cet article s'est fait sous la supervision éditoriale de Places du Café, qui n'a reçu aucune rémunération pour sa publication.

 

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